Parole d’expert : Nicolas Richelet, spécialiste en visualisation architecturale

Après une première expérience dans l’univers du jeu vidéo, Nicolas Richelet s’est tourné vers l’architecture et ne l’a plus quittée depuis plus de 15 ans, en studio d’abord puis à son compte. Il est aujourd’hui artiste indépendant spécialisé en visualisation architecturale et anime également le blog Rendus et perspectives qu’il a fondé en 2015.

Musique, jeux vidéo puis… architecture. C’est elle qui est venue à vous ou vous qui vous êtes tourné vers elle ?

Je dirais que c’est l’architecture qui est venue à moi. Après avoir exercé le métier de pianiste pendant 5 ans, j’ai ressenti le besoin de voguer vers de nouveaux horizons professionnels. Passionné de jeux vidéos depuis mon enfance, je me suis tourné naturellement vers ce secteur et ai suivi une formation de graphiste et game designer. Durant cette formation, l’établissement qui me formait recommandait à tous ses élèves de faire un stage de 3 mois à la fin de l’année, dans le domaine du graphisme ou du jeu vidéo.
Parmi mes connaissances, une amie faisait un stage chez Architecture Studio, une grande agence d’architecture parisienne, et ils recherchaient justement un stagiaire, mais pour refaire leur site internet. J’avais quelques connaissances en création de sites web donc je leur ai proposé de travailler dessus la première moitié du stage et de passer par la suite dans la section graphisme de l’agence, là où étaient produites les images de concours architecturaux. C’est ici que j’ai découvert le métier de perspectiviste, parmi les professionnels qui exerçaient dans cette agence.

Vous participez régulièrement à des concours. Voyez-vous émerger des tendances nouvelles en matière de visualisation architecturale ?

J’ai toujours admiré les rendus de studios comme MIR ou Luxigon par exemple. En regardant l’évolution des images de MIR , je constate qu’ils tendent de plus en plus vers le réalisme photographique, le côté illustration a quasiment disparu, sans doute une volonté de leur part, et l’évolution des outils 3D et des moteurs de rendu a sans doute participé à cette évolution.
En ce qui concerne Luxigon, même le rendu artistique reste leur priorité, on peut dire que le côté technique a évolué également. Ces 2 studios et quelques autres ont inspiré beaucoup de perspectivistes et le nombre grandissant d’acteurs dans ce secteur a beaucoup aidé a développer la qualité de rendu. Je constate également que depuis trois ans environ, le rendu de végétation 3D s’est démocratisé et le résultat est devenu très convaincant. Ce qui nous pousse de plus en plus vers le photoréalisme. Par contre, la majorité des rendus destinés aux concours régionaux restent dans un style très illustré, pour s’adapter aux sensibilités du grand public, même si là encore la technique a bien évolué.

L’utilisation de la réalité virtuelle se répand dans de nombreux domaines et notamment celui de l’architecture. Quel en est votre usage aujourd’hui et comment le voyez-vous évoluer ?

Concernant la Réalité Virtuelle (et Augmentée), je travaille en collaboration avec Zahir-Ould Hocine.
Nous travaillons principalement dans le domaine de la promotion immobilière, les visites virtuelles étant très prisées des futurs acheteurs de biens immobiliers. Les architectes ne sont pas en majorité directement intéressés par l’outil de visualisation que représente la VR. Surtout à cause de la logistique et du coût que cela implique. Ce n’est pas un outil indispensable dans leur travail. Pour l’instant les casques et les ordinateurs destinés à la VR sont relativement chers par rapport à l’utilisation qu’ils peuvent en avoir pour la conception de projets.
Mais la technologie évolue petit à petit et nous allons vers plus de qualité visuelle mais surtout d’accessibilité (casques plus légers, sans fils, avec ordinateur performant intégré). Avec les années qui viennent et l’évolution de la technologie, la réalité virtuelle est à mon avis sur la voie de la démocratisation.